GIUSEPPE LICITRA a,b
Zootechnicien, Corfi lac, Italie
a – CoRFiLaC, Regione Siciliana, 97100 Ragusa, Italy
b- Department of Agricultural, Food and Environment, University of Catania, via Santa Sofia 98, 95124 Catania, Italy
Les fromages traditionnels, généralement produits dans les fermes ou les villages, nourrissent des milliards de gens à travers le monde depuis des siècles. Caractérisés par un ancrage profond dans leur territoire d’origine, ils témoignent de l’histoire et de la culture des communautés qui les produisent. Les femmes, particulièrement dans les pays en voie de développement, jouent un rôle crucial en la matière, car elles sont la plupart du temps les seules responsables de la fabrication traditionnelle du fromage. Elles sont les dépositaires de savoir-faire qui se transmettent oralement de génération en génération. Au-delà de cette responsabilité historique dans la fabrication du fromage, elles sont au coeur de leur société car elles prennent soin de la famille. Elles ont non seulement la charge des tâches domestiques quotidiennes, de l’alimentation et des soins apportés aux enfants et aux autres membres de la famille, mais aussi celle de labourer les champs et les jardins (souvent avec un enfant sur le dos) et de s’occuper des animaux domestiques ou de basse-cour. S’ajoute à cela la responsabilité de la préparation des
repas (elles passent une à quatre heures par jour à aller chercher de l’eau et du bois pour la cuisine), de l’artisanat et du petit commerce. En Afrique, 80% de la nourriture mise en vente est fournie par les femmes. Pour toutes ces raisons, elles travaillent très dur (plus de 14 h par jour), et espèrent pouvoir élever leurs enfants (le taux de mortalité des moins de 5 ans est de 15%) en leur faisant comprendre l’importance capitale de leurs racines, de leur culture et de leur histoire. Bref, elles sont « la force invisible du développement » (Licitra et al., 2008).
Giuseppe Licitra
Prof. Agraria Università di Catania